EDITO
Quelle drôle d’idée d’avoir créé une école de cirque en pleine ruralité, à l’écart des grandes infrastructures dont bénéficient les acteurs culturels citadins ! Et pourtant, notre équipe dynamique aidée par quelques mécènes a su transformer cet ancien atelier de mécanique automobile en une piste aux étoiles.
Quelle drôle d’école aussi, qui fonctionne « après l’école », sans enseignement codifié et qui prétend pourtant amener ses élèves à apprendre. Et pourtant, les enfants, adolescents et adultes s’élèvent en découvrant les arts du cirque et de la piste au contact de formateurs qui, dans une ambiance ludique, tentent de leur communiquer l’amour du métier tout autant que leur savoir.
Quel drôle d’apprentissage, qui ne débouche pas - sauf exception - sur la pratique d’un métier. Et pourtant, tout en développant la motricité, les techniques de cirque favorisent la tolérance et l’entraide, participant ainsi à l’acquisition d’un style de vie, d’un art de vivre dont chacun usera selon son propre désir et en fonction de sa progression dans le devenir de sa propre existence.
Pratiquement, la jonglerie avec foulards, balles, anneaux ou massues, le diabolo, le bâton du diable… suscitent la notion de rythme, la latéralité, la coordination oculo-manuelle. Le développement moteur, social et cognitif de l’enfant est favorisé par la pratique ludique de la circopsychomotricité ! L’acrobatie suscite la confiance dans le partenaire et développe le sens des responsabilités. Assiettes chinoises, fil de fer ou câble de funambule, boule ou tonneau d’équilibre, rolla-bola, monocycle, trapèze fixe… favorisent le développement de la latéralité, du schéma corporel et de la structuration spatiale.
Enfin, patience, discipline et ténacité sont renforcés par la pratique des arts du cirque.
« On ne peut rien apprendre aux gens, on peut seulement les aider à découvrir qu'ils possèdent en eux tout ce qui est à apprendre. » GALILEE
Le formateur offre de « l’inventivité » et de « l’exploration », invitant l’enfant ou le jeune à trouver son style et à croître selon son propre rythme. Cette approche ludique axée sur le mouvement et la créativité, renouvelle assidûment la magie, la vraie, celle qui fait que nous devenons meilleurs grâce à la beauté.
Ce travail serait sans doute vain s’il ne conduisait pas à la rencontre d’autres jeunes issus d’horizons différents. « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente » écrivait naguère Antoine de Saint-Exupéry.
Lors du Festival européen que nous organisons le premier Week-end de novembre, les arts du cirque rassemblent des jeunes venus de toute l’Europe et même d’au-delà, mais sans gommer les spécificités culturelles et la manière originale de pratiquer les arts de la scène. Car c’est du contact avec d’autres, différents, que peut jaillir l’enthousiasme, le désir de partager ce que l’on sait faire ou tout simplement notre manière d’être. Loin d’être une compétition, c’est un Festival rencontre, où le jeune projette son désir sur scène (et pas le désir de l’Adulte) avec les outils que les formateurs adultes lui ont transmis.
Ces rencontres sont aussi l’occasion de favoriser l’apprentissage du vivre ensemble et de susciter l’expression individuelle et collective. Nous en avons fait maintes fois l’expérience en nous rendant en Angleterre, en Allemagne, en Tchéquie, en France… et nous la referons encore et encore, par exemple cet été en Allemagne car c’est une façon concrète d’acquérir des outils et de favoriser une attitude de créativité qui donne confiance.
J’espère que vous trouverez dans ces brèves réflexions quelques raisons de nous rejoindre.
Guy Hénaut, président
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